LAMARTINE (Alphonse de)

Lettre à son beau-frère Montherot. Sans lieu ni date [1846]. Lettre autographe paraphée: 2 pp. in-12. Sur Robespierre et la Révolution. Mon cher Philosophe, Je pense exactement comme vous sur R... grand homme et grand scélérat mais chez lui au moins le crime avait une idée derrière. L' idée était sainte le crime atroce; le St Dominique de la Rénovation. J'en parlerai ainsi, mais avec la flétrissure qui doit toujours tomber sur le crime. Le sang est du sang on ne le lave pas avec des mots. J'en suis sur lui et plongé dans le travail. Je suis ravi de 30 pages qui terminent et résument l'assemblée constituante. Je vous lirai cela. Le beau-frère de Lamartine, Montherot, lui avait adressé peu avant une lettre l'entretenant de Robespierre, figure maudite de la Révolution: "L'histoire nomme héros les tueurs d'hommes. Les tuer dans une guerre injuste ou sur l'échafaud, qu'importe pourvu que le sang humain coule?" (Lettre reproduite par Renée de Brimont en 1923 dans L'Album de Saint-Point, pp. 106-107: la réponse de Lamartine est imprimée à la suite). Une histoire des Girondins pour nourrir une ambition politique. En 1846, Lamartine travaillait d'arrache-pied à son Histoire des Girondins (publiée l'année suivante): elle était, d'abord, un moyen d'action politique. "Ecrit dans le but de retrouver la juste signification de la Révolution, avec un art consommé, cet ouvrage réhabilite les fondateurs de la France nouvelle, fait la révolution dans les âmes. Le prodigieux succès de l'oeuvre annonce et prépare, dans une certaine mesure, le soulèvement de 1848; le poète lui-même, entraîné dans l'agitation des banquets et des journaux, s'avance à grands pas sur la route de la révolution" (Bibliothèque nationale, Lamartine, p. 187). Le dessein de Lamartine était de distinguer Terreur et Révolution mais, dans la fièvre de la rédaction, il composa une manière d'apologie de Robespierre et de la Raison d'État - il est vrai sérieusement tempérée lors de la correction des épreuves de l'ouvrag