VERLAINE (Paul)

L'amour de la patrie est le premier amour. Sans lieu ni date [1889]. Poème autographe: 1 p. in-8. De la "compromission" communarde à la tentation boulangiste de 1889, ce fils de Metz la Lorraine lève le masque quand il chante sa patrie. Manuscrit autographe des neuf premiers quatrains de L'Amour de la patrie, poème XXX de Bonheur. Le poème est numéroté XVII, place qu'il occupait dans la version primitive du recueil. L'amour de la patrie est le premier amour Et le dernier amour après l'amour de Dieu. C'est un feu qui s'allume alors que luit le jour Où notre regard luit comme un céleste feu. C'est le jour baptismal aux paupières divines De l'enfant, la rumeur de l'aurore aux oreilles (...) L'enfant grandit, il sent la terre sous ses pas Qui le porte et le berce et bonne, le nourrit, Et douce, désaltère encore ses repas D'une liqueur, délice et gloire de l'esprit Puis l'enfant se fait homme ou devient jeune fille (...) Et cherche une âme soeur, une chair qu' il enlace. Et quand il a trouvé cette âme et cette chair Il naît d'autres enfants encore, fleurs de fleurs, Qui germeront aussi le jardin jeune et cher Des générations d' ici, non pas d'ailleurs... (...) Tous deux, si pacifique est leur course terrestre Mourront bénis de fils et vieux dans la patrie Mais que le noir démon, la guerre, essore l'oestre Que l'air natal s'empourpre aux reflets de tuerie Que l' étranger mette son pied sur le vieux sol Nourricier, imitant les héros de tous bords, Saragosse, Moscou, le Russe, l'Espagnol, La France de Quatre Vingt Treize, l' homme, alors, magnifié Publié en 1891, Bonheur complète le triptyque chrétien commencé avec Sagesse et Amour. Les poèmes qui le composent ont été écrits entre 1887 et 1890. L'amour de la patrie, traversé par un souffle hugolien, est riche d'images poignantes. Le présent manuscrit en donne les 9 premiers quatrains sur les 31 qu'il comporte au total. On joint un jeu d'épreuves corrigées du poème présenté "au concours de l'Echo de Paris". Il comporte seize