[PÉGUY (Charles), sous le pseudonyme de Jacques Laubier]

Défaite en échelons. Sans lieu ni date [novembre 1898]. Manuscrit autographe signé Jacques Laubier de 19 feuillets in-4, montés sur onglets et reliés dans un volume in-4: demi-box à la Bradel blanc (Lavaux). Manuscrit autographe complet d'un article pour la Revue blanche. Redécouvert par Henri Guillaumin en 1965, le manuscrit a permis de lever l'anonymat des premières collaborations de Péguy à la Revue blanche signées, comme ici, du pseudonyme de Jacques Laubier. Défaite en échelons s'inscrit dans le débat sur l'enseignement libre qui agitait alors la scène politique: "Il n'y a dans toute cette question qu'une seule liberté qui vaille, qui soit à considérer, à respecter, mais elle est à respecter toute: la liberté de ceux qui sont enseignés. Et le commencement de cette liberté est que ni leur personne morale ni leur personne intellectuelle ne soient déformées par l'industrieuse déformation des Jésuites." L'article a paru dans le numéro 132 de la Revue blanche, le 1er décembre 1898 (pp. 539-541). Créée en 1889 par les frères Natanson, cette revue célèbre pour la qualité de ses contributions littéraires et artistiques fut également l'un des premiers bastions dreyfusards. Elève de l'Ecole normale supérieure, Charles Péguy (1873-1914) y fit paraître en tout seize articles s'échelonnant de novembre 1898 à novembre 1899. La nature du socialisme du jeune écrivain s'y affirma au contact des événements contemporains, les suites de l'affaire Dreyfus créant alors un climat de guerre civile. Péguy faisait même figure de sergent recruteur du dreyfusisme. Avec Lucien Herr, il avait transformé la rue d'Ulm en un "foyer brûlant de la conscience nationale" (Charles Andler). Le manuscrit a été parfaitement établi par Lavaux. (Bibliothèque nationale, Charles Péguy, 1974, n° 182.- Péguy, OEuvres en prose complètes, I, pp. 133-137.)