LE BON (Gustave)

Lettre à Paul Bourget. Paris, 8 mai 1899. Lettre autographe signée Gustave Le Bon: 3 pp. in-12. Légitimation de la notion de "race" et vision rétrograde de la condition des Noirs aux États-Unis comme du développement de l'Afrique. "Grand débroussailleur d'idées", comme le qualifiait son ami Clemenceau, Gustave Le Bon (1841- 1941) est désormais quasi-oublié. Inclassable, un temps tenté par Mussolini avant de dénoncer la montée du nazisme, il exerça une influence marquée sur son temps et sur des personnalités aussi diverses que Briand, Churchill, Herriot, Foch, Joffre ou Théodore Roosevelt. Freud, quant à lui, avait été marqué par ses travaux sur l'inconscient collectif. Les applications multiples et la récupération par des courants politiques opposés de la Psychologie des foules en disent l'importance. Sa pensée pessimiste, parfois présentée comme celle d'un visionnaire, n'était pas exempte des préjugés de son temps, comme le montre cette lettre adressée à Paul Bourget (1852-1935), après réception du récit du voyage de ce dernier aux Etats-Unis, paru sous le titre d'Outre-mer. Bien avant Moïse tous les législateurs étaient pénétrés de la notion de race. Elle est la base des constitutions hindoues. Les lois de Manou expriment cette notion à chaque page. Les aryens blancs savaient fort bien qu' ils perdraient leur race en se mêlant aux indigènes noirs de l'Inde qu' ils envahissaient et pour empêcher les mélanges les lois de Manou (traduites en français) très postérieures à cet envahissement mais reproduisant les coutumes antérieures font à chaque ligne les menaces les plus féroces. Mais si la notion est vieille ce sont les applications qu'on en peut tirer qui sont neuves et à ce titre votre livre est fort intéressant. (...) dans ma nouvelle édition je le cite comme typique. Je n'ai pas fini sa lecture. J'espère y trouver traitée la question des nègres aux Etats-Unis. Elle est capitale et si vous ne l'avez pas traitée elle mérite un article spécial. LES NÈGRES SONT CERT