PÉGUY (Charles)

Inaction. Sans lieu ni date [juin-juillet 1899]. Manuscrit autographe signé Charles Peguy de 10 feuillets in-4, montés sur onglets et reliés en un volume in-4: demi-box à la Bradel gris (Lavaux). Précieux manuscrit autographe de premier jet d'un article virulent de Charles Péguy. Il a paru le 15 juillet 1899 dans le numéro 147 de la Revue blanche, sous le titre de: "La crise et le parti socialiste." Le manuscrit définitif est conservé au Centre Charles Péguy d'Orléans: il s'agit ici du premier état du texte. Participation, trahison. Inaction fut rédigé à chaud, après la présentation du ministère Waldeck-Rousseau à la chambre (26 juin 1899). Pour contrer le péril nationaliste, Waldeck-Rousseau prit la tête d'un gouvernement de "Défense républicaine": alliance hétéroclite dans laquelle cohabitaient le socialiste Alexandre Millerand et le général de Galliffet, le bourreau de la Commune, "un soldat de l'école des Sabreurs à panache, qui a malheureusement laissé dans nos guerres civiles une trace d'implacabilité légendaire" selon le mot de Clemenceau. Fidèle à "la pensée de quelqu'un qui a fait la Commune, parmi les obscurs, et à qui je dois un enseignement socialiste sincère toujours", Péguy prend violemment à partie ses frères socialistes. Il est peu intéressant que la droite se soit aussi sauvagement et aussi sournoisement élancée à l'assaut des institutions républicaines; il est peu intéressant que M. Méline ait sournoisement conduit cet assaut; il est peu intéressant que certains radicaux aient tout trahi par basse envie et par dépit, que M. Mirman ait trahi par goût et M. Pelletan par inconsistance débraillée; tout cela n'est pas intéressant parce que cela est habituel, (...) parce que nous n'avons jamais sérieusement compté sur aucun de ces hommes pour préparer la naissance et la vie de la cité socialiste. Mais ce qui est à la fois douloureux et intéressant, c'est la radicale impuissance que les partis soi-disant révolutionnaires nous ont montrée. (...) Donc le gr