JAURES (Jean)

Vers l'avenir. Sans lieu ni date [début juin 1908]. Manuscrit autographe signé de 13 pages ½ petit in-4, avec une douzaine de corrections dont 4 lignes biffées. Indication de typographe au crayon bleu. Remarquable manuscrit autographe signé du vibrant hommage rendu par Jean Jaurès à l'auteur de J'accuse, au moment du transfert des cendres d'Émile Zola au Panthéon. La rumeur d'outrage qui enveloppe le nom et le cercueil de Zola est une rumeur de gloire. C'est parce qu' il a donné les dernières années de sa vie à une grande oeuvre de vérité et de droit que l' insulte et la calomnie le suivent jusque sous les voûtes du Panthéon. Ce fut pour lui une dure épreuve et sans doute il n'en avait pas mesuré d'emblée toute l' étendue. (...) Zola (...) avait pensé, je crois, que l' intervention d'un grand écrivain en pleine gloire et réellement désintéressé dans le sombre drame serait pour les esprits les plus prévenus un avertissement et une lumière. Il avait compté sans la sauvagerie du nationalisme et de l'antisémitisme, sans la force de résistance des institutions de mensonge menacées dans leur base même. Et il suffit certainement dans son système nerveux tendu par un long effort de travail de la violence et de la férocité des haines déchainées contre lui: Les manifestations atroces qui accueillirent en Cour d'assises sa condamnation lui arrachèrent un cri d' étonnement douloureux: Ce sont donc des cannibales! L'exil aussi fut pour lui un arrachement. (...) Mais c'est précisément son honneur que dans cette épreuve dont il n'avait pas pressenti d'abord toute la rigueur, sa foi en la vérité et en l'avenir n'ait jamais fléchi. Au contraire, sa pensée s' élargit, son expérience d'humanité s'exalta: et (...) c'est une certitude de science et de justice qu' il ramenait du fond de l' humanité houleuse encore et obscure. C'est cette force sublime d'espérance palpitant dans la grossièreté même de la vie, qui va tout à l' heure entrer au Panthéon. L'article du chef des socialistes par