BLANCHE (Jacques-Émile)

Souvenirs sur Clemenceau. Sans lieu ni date. Manuscrit autographe signé J. E. Blanche: 4 pp. in-4. Joint, du même: Clemenceau, écuyer de Haute Ecole; écrivain hippique. Sans lieu ni date. Manuscrit autographe signé: 5 pp. in-4. Beaux manuscrits autographes de premier jet de ces souvenirs du peintre Jacques- Emile Blanche sur Georges Clemenceau. Les deux manuscrits, qui comportent de nombreuses ratures et corrections, offrent deux versions distinctes du même sujet. Portraitiste renommé de la bonne société, ami de Marcel Proust, Jacques-Emile Blanche (1861- 1942) livre un attachant portrait de l'homme d'État aux multiples facettes, qu'il avait rencontré pour la première fois chez le peintre Raffaëli. Il y avait déjà dans sa silhouette quelque chose de cocasse et de démodé, caractère vieuxbourgeois français ratapoil qu'accentua la guerre de 1914. (...) L'allure de Clemenceau (...) me paraissait d'une autre ère, un ancêtre des Rougon-Maquart de Zola, son habitus corporis rappelant le médecin, son teint jaune, tout l' individu me surprenait à la fois et exercait un prestige sur moi comme écrivain d'art, portraituré par Manet, ami de Claude Monet, et japonisant. M. Clemenceau "s'emballait" fort en annonçant une renaissance du goût européen, sous l' influence de l'Extrême-Orient, mais s' il exaltait les Nippons, il semblait froid pour les Chinois [lorsque Blanche était venu consulter chez lui des estampes japonaises]. Dans le milieu artistique, la vision de Clemenceau fut sujette à controverses: Ses goûts, en peinture moderne, s'apparentaient à ceux de Gustave Geffroy, il croyait à un art populaire, anonyme, comme celui des cathédrales; il nourrissait bien des idées humanitaires, sociales, antinomiques à l'oeuvre d'art; ses idées je les avais entendu railler ou approuver, dès ses débuts, chez Bartholomé. (...) L'on était tout feu, tout flamme, alors, dans l'atmosphère effervescente de l' impressionnisme, du néo impressionnisme, du Théâtre libre, du symbolisme... et de l'Af