ÉLUARD (Paul)

Gabriel Péri. Sans lieu ni date [vers 1943-1944]. Poème autographe signé comprenant 5 ratures, 1 page in-folio. Précieux manuscrit autographe de travail de l'un des poèmes de Résistance les plus emblématiques: hommage à Gabriel Péri, fusillé par les Allemands. Le nom de l'auteur apposé à l'époque en bas du poème a été remplacé ultérieurement, par l'auteur lui-même, par sa signature si caractéristique. "Sans doute est-ce chez Paul Éluard qu'il faut rechercher les poèmes les plus émouvants et les plus durables qu'ait produits la Résistance française. (...) Quoi de plus bouleversant (...) dans son dépouillement que l'Hommage à Gabriel Péri" (Gaëtan Picon). Il a paru, en décembre 1944, dans l'Humanité. Un homme est mort qui n'avait pour défense Que ses bras ouverts à la vie Un homme est mort qui n'avait d'autre route Que celle où l'on hait les fusils Un homme est mort qui continue la lutte Contre la mort contre l'oubli Car tout ce qu' il voulait Nous le voulions aussi Nous le voulons aujourd' hui Que le bonheur soit la lumière Au fond des yeux au fond du coeur Et la justice sur la terre (...) Péri est mort pour vivre Tutoyons-le sa poitrine est trouée Mais grâce à lui nous nous connaissons mieux Tutoyons-nous son espoir est vivant Journaliste et député, membre du Comité central, Gabriel Péri (1902-1941) représentait au sein du parti communiste la branche "nationaliste", s'opposant dès le début de la guerre au pacte germano-soviétique. Il se heurta notamment à Jacques Duclos, qui avait entamé des négociations avec l'occupant afin de sortir de la clandestinité l'Humanité dont Gabriel Péri dirigeait le service de politique étrangère. Quelques semaines avant son arrestation - avant que l'U.R.S.S. entre en guerre contre l'Allemagne hitlérienne - il avait rédigé le fameux fascicule: Non, le nazisme n'est pas un socialisme. De nombreuses publications et poèmes saluèrent ce martyr de la Résistance; Louis Aragon et Vercors, notamment, lui rendirent hommage dans un tract publié l