ÉLUARD (Paul)

Liberté j'écris ton nom. Paris, Imprimerie Union pour Pierre Seghers, 1953. Feuille in-folio repliée en accordéon, montée sur onglet dans un volume en demi-maroquin rouge, plats de plexiglas, étui (Mercher). Première édition illustrée. Tirage limité à 212 exemplaires, celui-ci sur papier Auvergne (HC n° 23/25). Grande composition en couleurs de Fernand Léger reproduite au pochoir par Albert Jon. Célèbre ode à la liberté publiée clandestinement dans Poésie et vérité en 1942, elle devint "avant même la Libération, un extraordinaire vecteur de résistance, reproduit et diffusé sans entraves..." (Archives de la vie littéraire sous l'Occupation). Avec un lyrisme proche de la chanson, facile à retenir par coeur pour la diffuser de bouche à oreille, Liberté incarnait le modèle par excellence de la poésie de contrebande. Elle fut mise en musique par Francis Poulenc au sortir de la guerre. Fernand Léger s'est emparé du poème pour rendre un hommage posthume à son ami Paul Éluard qui venait de disparaître. Il "le lui a restitué sous la forme très poignante d'un tombeau et celle combien désirable d'un « poème-objet ». En 1953 la poésie penche donc du côté de l'affiche, de la fresque furtive, du linge battant. La forte typographie et les formes colorées par le truchement du pochoir s'enlacent. Le poème est laissé à sa densité" (Yves Peyré, Peinture et poésie, le dialogue par le livre, n° 64)