BRANT (Sébastien).

Salutifera [sic] navis. Lyon, Jacques Sacon, 28 juin 1488 [sic pour 1498]. In-4 [180 x 124 mm] en lettres rondes de 152 ff., (4) ff., dont le dernier feuillet blanc qui manque : maroquin janséniste rouge, dos à nerfs, coupes filetées or, dentelle intérieure dorée, tranches dorées (Brugalla, 1952). Un des beaux incunables lyonnais. Première édition lyonnaise de la Nef des Fous, imprimée par Jacques Sacon, originaire du Piémont, et nouvellement installé dans la cité. La version latine du Narrenschiff fut confiée par l'auteur à son disciple Jakob Locher, de façon à obtenir une audience européenne. De fait, le poème devint le plus grand succès de la littérature allemande avant le Werther de Goethe. Il est illustré de 118 grandes figures sur bois, d'après le jeune Albrecht Dürer. La suite est inspirée des compositions originales bâloises, dessinées et gravées par Dürer lui-même en 1494. La richesse et la verve expressive de l'illustration n'ont pas peu contribué au succès international de l'ouvrage maintes fois réimprimé. La Nef des Fous, un livre de sagesse. Décadence des moeurs, crise ecclésiastique, péril turc, bibliophilie maniaque ; tout devient pour Sébastien Brant symptôme d'une folie dévastatrice. Il en vient même à dénoncer les innombrables livres édifiants ou moralisateurs que la jeune imprimerie déversait sur le monde. Le poème satirique dénonce vices et abus, personnifiés chaque fois par un fou : celui de la mode, de l'avarice, de la discorde, etc. Tous embarqueront sur un étrange navire, toutes classes sociales confondues. Au lendemain de la découverte du Nouveau Monde qu'il évoque, et à la veille de la Réforme, c'est par la vision d'un bateau ivre voguant à la rencontre de la catastrophe que le Strasbourgeois conclut cet appel de l'humanisme allemand. Rare exemplaire complet. Il a été établi par le relieur Brugalla, de Barcelone. Exemplaire court de marges, notamment en tête, où la marge de nombreux feuillets a été soigneusement restaurée, avec reprise à la