AUDIARD (Michel)

Vive la France. Sans lieu ni date [1973]. Manuscrit autographe de 83 pages, chemise en carton vert. Manuscrit de travail complet, proche de la version définitive, comportant des ratures et corrections du livre publié chez Julliard en 1973. Radioscopie sulfureuse et décapante de l'histoire de France, le pamphlet parut avant la sortie du film éponyme à la demande de l'éditeur Julliard. Son texte est différent du script. “Sans jamais vociférer, Audiard agit ici à la manière d'un nettoyeur de tranchées, mal embouché, certes, mais nullement furieux. Il s'expose par là à être stigmatisé par les dévots des deux conformismes ambiants: ceux qui interdisent qu'on attente aux valeurs sacrées, traditionnelles, et ceux qui n'admettent pas qu'on ne balance pas tout sur l'autel, plus sacré encore, des lumières en marche. (...) La vivacité d'esprit, la richesse insolite de la langue, les chatoiements d'une certaine préciosité de barrière donnent”, écrivit un de ses ardents défenseurs, Antoine Blondin, dans France-Soir. “La France m'est apparue en rêve ! Mon confesseur met ça sur le compte des mauvaises lectures, mon psychiatre sur le compte du surmenage, ma femme sur le compte du beaujoulais. N'empêche que j'ai vu la France comme je vous vois !... Tenez, je la vois encore... Vieille carcasse encore fumante de toutes les guerres, vieux ventre avachi d'avoir porté quatre-vingt-deux rois, trois empereurs et cinq républiques. La France avec ses départements, ses anciens combattants, ses automobilistes, ses pêcheurs à la ligne, ses trois couleurs, ses deux mamelles, sa force de frappe. En la voyant tel quelle je me suis dit qu'on pourrait peut-être encore tirer le portrait de cette ravelure... en travaillant dans les tons pastels... les lumières tamisées... le bon profil... parce que pour la rendre présentable, la vache, ça va pas être de la tarte !...”