RESTIF de la BRETONNE (Nicolas Edme).

Le Paysan perverti ou Les Dangers de la ville. La Haye, Paris, Esprit 1776. 4 volumes in-12. On trouve joint : La Paysanne pervertie, ou Les Dangers de la ville. La Haye, Paris, Esprit, 1784. 4 volumes in-12. Soit ensemble 8 volumes in-12 [171 x 91 mm] : demi-veau fauve à coins, dos ornés de fleurons et palettes dorés, pièces de titre et de tomaison rouges et vertes, tranches jaspées (reliure anglaise fin XIXe siècle). 120 figures hors texte gravées, en premier tirage, d'après Louis Binet. Une des plus jolies suites d'illustrations du XVIIIe siècle. Binet dut se soumettre à tous les caprices de l'imagination du romancier. On sait que Restif corrigea lui-même les compositions qui ne répondaient pas pleinement à son idéal de la femme : fascination pour les tailles de guêpes, culte voué aux pieds mignons (de Chinoise à la torture), et fétichisme de la chaussure (« cette partie où l'âme se montre davantage »). Restif imprimé, « illustré », édité par lui-même. Selon son fantasme du livre total, le prote protée n'a pas hésité à faire les frais d'une illustration qui lui coûta 20 000 francs, laquelle visait aussi à décourager les contrefaçons. Sa réputation littéraire est en partie fondée sur ce roman autobiographique où il se livre tout entier, en réaction à l'esprit de convention et à l'affèterie de la littérature du temps. Par ailleurs, il prendra soin de relever que ces 2500 pages furent écrites avant Les Confessions de J. J. Rousseau. Agréable exemplaire, en reliure uniforme. La troisième édition du Paysan perverti est suivie, comme il se doit, de la Paysanne pervertie en édition originale, telles que décrites par Cohen (col. 871-872). Leur réunion offre pour la première fois la suite intégrale des figures de Louis Binet.