Francois ARNAL (NÉ en 1924)

Arnal est le peintre du refus. Sa conscience est celle du refus. Refus des apparences pour elles-mêmes, de l'inertie en tant que telle, de la monstrueuse et facile passivité des choses. Refus et distance, sans renoncement. Comment assurer cette qualité de la présence de l'être vis-à-vis du monde? Pour Arnal, il n'y a pas de problème éthique: la solution apparaît spontanément au cours de l'acte de peindre. «Arnal» rend l'objet tel qu'il le sent et cette description est un constat qui marque tout autant l'identification que la différence. Les proportions du rapport créent «l'analogie». Le peintre aurait pu indéfiniment en varier le dosage. Mais la désécriture n'était qu'une étape. Il lui fallait aller, toujours en hâte, plus avant vers l'essentiel. Les vaporisations d'objets (bombardements) sont l'empreinte de leur image, saisie dans l'impact de leurs contours. La présence d'une absence. Tel est le mystère de l'objet, que la projection agrandie exalte encore. Le recours aux procédés désormais classiques de la peinture mécanique (tirage direct sur toile du cliché agrandi de l'empreinte) éclaire la phase actuelle du cheminement arnalien. J'ai l'impression que le peintre s'est senti un peu plus proche de sa vérité. Une illumination brève, une chance à ne pas laisser passer : saisir à travers le constat de l'objet la pellicule de son mystère, cette apparence supérieure à toutes les apparences car elle marque à la fois une présence et un départ... La hâte fébrile des notations, la violence gestuelle, la nervosité de la désécriture, tout cela a disparu. Le silence a succédé au cri. Une étrange sérénité émane de ces effigies hiératiques, blanches sur fond noir ciseaux géants ouverts sur le vide stores entrouverts sur rien. François Arnal aurait-il trouvé, ne serait-ce qu'un fugitif instant, la paix d'un accord essentiel, le sentiment d'avoir touché juste en effleurant la surface des choses ? Je le crois. Ma propre émotion, dont je mesure avec surprise la profondeur, en est