Goethe, Johann Wolfgang von

Les Affinités électives. Paris, S. C. L'Huillier, 1810. 3 volumes in-12 (165 x 98 mm) de (2) ff., 240 pp.; (2) ff., 224 pp.; (2) ff., 271 pp.: cartonnage de papier marbré à la Bradel, dos lisses filetés or, pièces de titre de veau vert, armes dorées sur les plats, tranches marbrées (reliure de l'époque). Édition originale de la première traduction française par Raymond, Antoine Serieys, Godailh, Manget et Deppint. “Le mot de Verwandtschaft, qu'on est forcé de traduire par affinité, s'applique aussi bien à toute espèce de parenté dans le sens propre du mot, qu'au phénomène chimique dont il est question ici” (I, p. 92). Une des oeuvres d'un romantisme exacerbé avant l'heure: une passion violente détruit un mariage et conduit les amants à se laisser mourir de faim. “Goethe, dans son Werther, avait montré l'individu luttant au nom de la nature contre la société. Dans Les Affinités électives [...], la nature et la société ne font plus qu'un. La même fatalité qui règle la suite des phénomènes naturels, détermine les rapports humains. L'homme ne saurait s'y dérober. [...] Les Affinités sont une oeuvre douloureuse et qui prêche la résignation” (Bernard Groethuysen). Exemplaire relié à l'époque aux armes de Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie. Le cadet des Bonaparte avait divorcé de sa première femme américaine sur injonction de l'Empereur pour épouser en 1807 la princesse de Wurtemberg, peu après avoir reçu le royaume de Westphalie en vertu du traité de Tilsit. Jérôme Bonaparte (1784-1860) “épris des plaisirs de la vie et des Beaux-Arts ne participa que brièvement à la campagne de Russie” (Anne Lamort). Il quitta son trône en 1813, après le désastre de Leipzig. Mort en 1860, il fut inhumé aux Invalides. S'agissant d'affinités électives, la provenance fait écho aux sentiments de l'écrivain allemand pour l'empereur français qu'il rencontra à plusieurs reprises. Leur première entrevue, le 2 octobre 1808, dura près d'une heure et