De Louis Soutter à Jean Dubuffet : la genèse de l'art brut

« L’art ne vient pas coucher dans les lits qu’on a fait pour lui,
il se sauve aussitôt qu’on prononce son nom :
ce qu’il aime c’est l’incognito.
 Ses meilleurs moments sont quand il oublie comment il s’appelle.
»
 
 
    

LOUIS SOUTTER (1871-1942)
Il fut notre frère, L’intouchable relique, 1941
Peinture au doigt – encre noir sur papier.
Titrée en haut à droite. Datée en haut à gauche.
H_61 cm L_43 cm
100 000 / 150 000 €​


 
JEAN DUBUFFET (1901-1985)

Site aléatoire, 1980
Encre et collage sur papier.
Signé des initiales et daté en bas à droite.
H_65 cm L_50 cm (à vue)
60 000 / 90 000 €
 
Les oeuvres d’Art Brut sont réalisées par des créateurs autodidactes, des marginaux retranchés dans une position d’esprit rebelle ou imperméables aux normes et valeurs collectives, qui créent sans se préoccuper ni de la critique du public ni du regard d’autrui. Sans besoin de reconnaissance ni d’approbation, ils conçoivent un univers à leur propre usage. Leurs travaux, réalisés à l’aide de moyens et de matériaux généralement inédits, sont indemnes d’influences issues de la tradition artistique et mettent en application des modes de figuration singuliers.

C’est au peintre français Jean Dubuffet que l’on doit le concept d’Art Brut. Il constitue dès 1945 une collection d’objets créés par des pensionnaires d’hôpitaux psychiatriques, des détenus, des originaux, des solitaires ou des réprouvés. Il perçoit dans cette création marginale une « opération artistique toute pure, brute, réinventée dans l’entier de toutes ses phases par son auteur, à partir seulement de ses propres impulsions ». La notion d’Art Brut repose ainsi sur des caractéristiques sociales et des particularités esthétiques.

« Nous entendons par là [Art Brut] des ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture artistiques, dans lesquels donc le mimétisme, contrairement à ce qui se passe chez les intellectuels, ait peu ou pas de part, de sorte que leurs auteurs y tirent tout (sujets, choix des matériaux mis en oeuvre, moyens de transposition, rythmes, façons d’écritures, etc.) de leur propre fond et non pas des poncifs de l’art classique ou de l’art à la mode. Nous y assistons à l’opération artistique toute pure, brute, réinventée dans l’entier de toutes ses phases par son auteur, à partir seulement de ses propres impulsions. De l’art donc où se manifeste la seule fonction de l’invention, et non celles, constantes dans l’art culturel, du caméléon et du singe ».
Définition de l’Art Brut par Jean Dubuffet


« Je souffre affreusement de la vie. Il n’y a pas d’ état que je puisse atteindre. Et très certainement, je suis mort depuis longtemps, je suis déjà suicidé. On m’a suicidé, c’est à dire. Mais que penseriez-vous d’un suicide antérieur, d’un suicide qui nous ferait rebrousser chemin, mais de l’autre côté de l’existence, et non pas du côté de la mort. »
Antonin Artaud