André BRETON, Robert DESNOS et Benjamin PÉRET.

Lot 88
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André BRETON, Robert DESNOS et Benjamin PÉRET.
La Cour des miracles. [Comme il fait beau !]. Sans lieu ni date [décembre 1922- janvier 1923]. Manuscrit autographe à deux mains de 11 pages in-4, tapuscrit de 2 pp. ½ avec ajouts autographes : vachette souple lie-de-vin à la Bradel, couture verticale en zig-zag au centre des plats, étui-chemise (Monique Mathieu, 1982). Remarquable manuscrit autographe à deux mains d'une pièce surréaliste signée André Breton, Robert Desnos et Benjamin Péret. Elle repose essentiellement sur des propos de sommeil hypnotique enregistrés par Breton le 14 décembre 1922. Le manuscrit a servi à la composition du texte. Conjointement rédigé par André Breton (7 pages ½) et Robert Desnos (3 pages), il contient neuf corrections autographes. La Grande Ode au Silexame, dernier tableau de la pièce, se présente sous forme de tapuscrit, avec ajouts et corrections autographes de la main de Breton et de Desnos. La pièce parut en février 1923 dans la revue Littérature, Nouvelle série, n° 9, sous le titre "Comme il fait beau !". Ce qui restera un des rares projets scéniques d'André Breton ne fut jamais monté. Une exploration collective du côté du collage. L'écriture de la pièce, dédiée à Max Ernst, s'inspire de la technique du collage : "En 1923, après plusieurs années de pratique plus ou moins suivie de l'automatisme, la révélation constituée par les collages de Max Ernst, le travail sur le langage mené particulièrement par Desnos, il s'agit d'une visée toujours subversive, mais qui s'est élargie. C'est de propos tout à fait délibéré et à tous les niveaux du texte qu'est pratiquée ici la technique du collage verbal [...]. De même que dans l'art plastique la surface matérielle [...] permet l'assemblage d'éléments éloignés les uns des autres, de même le plateau virtuel du théâtre sert de lieu de rencontre à des scènes sans rapport les unes avec les autres et entre lesquels un lien, très lâche, a été introduit après coup. L'action n'est rien d'autre que l'association d'unités de langage nées indépendamment les unes des autres, au gré des assembleurs qui semblent avoir été Breton et Desnos. Les personnages ne sont que des supports donnant une apparence de continuité et de cohérence à ces enchaînements libres où l'arbitraire devient la règle. [...] Au total, l'intérêt de «Comme il fait beau !» n'est pas seulement dans l'humour, subvertissant les formes, qu'il manifeste, ni dans la diversité des tons qu'il met en oeuvre, mêlant drôlerie, angoisse, poésie ; il est aussi dans ce qu'il nous apprend sur la complexité de cette écriture collective où viennent se confondre propos saugrenus des sommeils, jeux verbaux, éléments de culture, parodie, que la technique du collage réussit à intégrer dans une armature-piège, sémantiquement vide, mais apte à créer continûment l'effet de surprise" (Marguerite Bonnet in : Breton, OEuvres complètes I, pp. 1418-1420). La bibliothèque Jacques Doucet conserve le manuscrit d'un état primitif de la pièce, provenant de la vente Breton. Il assemble des éléments hétérogènes dont la trame du présent manuscrit, essentiellement de la main de Desnos. On trouve reliée en tête une lettre autographe signée de Max Ernst, 1 page in-4, adressée depuis Briançon le 29 janvier 1929 à des amis : "Je quitte Briançon au plus vite, car c'est un endroit immonde, et à Montgenèvre il n'y a pour l' instant aucun hôtel, celui de Mme Picabia n' étant pas encore ouvert...". Le manuscrit est conservé dans une belle reliure en vachette souple de Monique Mathieu. Provenance : Daniel Filipacchi (catalogue I, 2004, n° 45) puis René Alleau (2009, n° 57). (Breton, OEuvres complètes I, Bibliothèque de la Pléiade, 1988, pp. 439-448 ; avec mention du présent manuscrit p. 1421.)
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