[JEAN COCTEAU].

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[JEAN COCTEAU].
Le Livre blanc. Paris, Imprimerie de Ducros et Colas, 1928. Petit in-4 : broché, couverture rempliée. Édition originale, très rare : tirage unique à 31 exemplaires sur papier vergé blanc de Montval fait à la main par Gaspard Maillol. Un des 10 exemplaires d'auteur (nº I). "Au plus loin que je remonte et même à l' âge où l'esprit n' influence pas encore les sens, je trouve des traces de mon amour des garçons. J'ai toujours aimé le sexe fort, que je trouve légitime d'appeler le beau sexe." Extraordinaire confession romanesque, parue anonymement. Le copyright est attribué à Maurice Sachs et Jacques Bonjean, à Paris. Le texte est précédé d'une note de l'éditeur : "Nous publions cette oeuvre parce que les talents y dépassent de beaucoup l'indécence et qu'il s'en dégage une sorte de morale qui empêche un honnête homme de le ranger au nombre des livres libertins. Nous l'avons reçue sans nom et sans adresse. Une notice à la machine recommandait de répartir entre les typographes les sommes qu'un tel livre est susceptible de rapporter à son auteur." Exemplaire enrichi d'un grand dessin original de Jean Cocteau. Il figure un couple masculin : crayon, encre et lavis d'encre. On joint également une lettre autographe signée inédite de Jean Bourgoint adressée à Jean Cocteau. Avant d'entrer dans les ordres et de partir comme missionnaire en Afrique, le modèle de Paul des Enfants terribles, Jean Bourgoint (1905-1966) mena une vie décousue et fut l'amant de Jean Cocteau. De décembre 1925 au printemps 1926, il effectua son service militaire à Nîmes. Sa lettre à "mon Jean bien aimé" débute ainsi par un reproche : Cocteau est venu à Nîmes, mais ne l'a pas prévenu : "L'idée que tu es passé si près sans que je le sache me donne une sensation de fil à couper le beurre (moi étant le beurre)." La vie à la caserne est monotone et, à Cocteau qui lui avait demandé quels étaient ses plaisirs, il répond qu'ils "consistent principalement en batailles de polochons. En deuxième lieu vient le charleston à la cantine (au phono). J'oublie la musique de garnison qui joue tout «no no nanette» mais c'est plutôt infernal étant donné que ça dure de 7 heures du matin à 6 du soir. Il y a le cheval le dimanche matin plaisir divin quand il fait beau. Il y a le plaisir de me masturber l' imagination sur les plaisirs de la rentrée dans le civil. [...]" Il se réjouit du printemps qui le console d'un chagrin, évoque un film et l'acteur Jaque Catelain à qui il a écrit, "pour voir comment peut être une réponse de ces curieux animaux". Enfin, il annonce sa venue "dans une dizaine de jours pour une quinzaine de jours" et supplie Cocteau de lui répondre. "Mon petit Jean aimé, je suis votre ours qui vous prie de l'embrasser" - référence à l'un des diminutifs employés par Cocteau qui l'appelait "mon petit ours". (Lettre autographe signée "Jean", sans date [vers avril 1926], 2 pages grand in-8 sur papier quadrillé.)
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