Antoine de SAINT-EXUPÉRY.

Lot 229
Aller au lot
Estimation :
3000 - 4000 EUR
Résultats sans frais
Résultat : 7 200EUR
Antoine de SAINT-EXUPÉRY.
Pilote de guerre. Sans lieu ni date [Lyon, Imprimerie nouvelle lyonnaise, décembre 1943]. In-8 de 119 pp. conservé en 8 cahiers non coupés ni brochés, sans couverture. On joint, du même: Pilote de guerre. Sans lieu ni date [Lille, Presses de la Silic, 1944]. In-8 de 127 pp.: broché, couverture bleue imprimée. Soit 2 volumes in-8, chacun dans une boîte moderne en demi-veau noir. Réunion des deux éditions clandestines du roman d'Antoine de Saint-Exupéry parues sous l'Occupation à Lyon puis à Lille. À la fois acteur et narrateur, le capitaine de Saint-Exupéry reçoit l'ordre de prendre des photos aériennes lors d'une mission de sacrifice en mai 1940. Le récit est le point de départ d'une méditation sur l'enfance, sur la mort et sur la crise que traverse la civilisation occidentale. Le roman devait déplaire tant au gouvernement de Vichy et aux autorités allemandes, car il exaltait l'esprit de résistance et relatait les exploits de Jean Israël, qu'aux Gaullistes, qui ne goûtaient guère ce récit de la défaite de l'armée française. Ainsi, Saint-Exupéry "réussit à la fois à se faire interdire pour avoir chanté les louanges de Jean Israël et condamner comme vichyste" (Stacy de La Bruyère). Le récit fut d'abord publié avec succès à New York, en février 1942, en français et en anglais (Flight to Arras). En avril, dans la revue The Atlantic (qui avait donné l'édition préoriginale du roman), le journaliste Edward Weeks déclara que Pilote de guerre représentait avec les discours de Churchill "la meilleure réponse que les démocraties aient trouvée jusqu'ici à Mein Kampf ". Le livre parut ensuite à Paris chez Gallimard, en novembre, déchaînant une campagne haineuse. Les journaux vichystes dénoncèrent cet "acte de démence judéo-belliciste" (Pierre Masteau dans Au pilori). Il fut finalement interdit par les autorités en 1943. Pour contourner cette censure, deux éditions clandestines virent le jour, d'abord à Lyon en décembre 1943, puis à Lille en 1944. Le premier exemplaire appartient à la première édition clandestine: elle a été imprimée à Lyon à environ 1 000 exemplaires en décembre 1943 sur les presses de l'Imprimerie nouvelle lyonnaise. L'exemplaire, conservé sous la forme de huit cahiers non cousus ni coupés, porte au verso du titre la mention imprimée: Tirage unique à quatre exemplaires Nº 3 Ce tirage de luxe numéroté, anachronique pour une publication sous le manteau, n'est pas mentionné par les bibliographes: il est imprimé sur un papier de choix portant en filigrane: "Japon F. Barjon Moisans Isère." La papeterie Barjon à Moisans, fondée au début du XIXe siècle, était une des plus réputées. Son directeur, Roger du Marais, résistant, fut arrêté en 1942 et mourut en déportation. C'est sa soeur, Olga Joly de Colombe, qui reprit les rênes de l'entreprise. (On relèvera que l'édition originale de Ma civilisation de Gilbert Lely, dactylographiée clandestinement à 12 exemplaires en 1942 quand l'auteur était recherché par les Allemands, a été tirée sur un papier de la maison Barjon de Moisans.) Le second exemplaire appartient à l'édition clandestine lilloise donnée par Angelo d'après l'édition lyonnaise: elle a été tirée sur les Presses de la Silic. L'éditeur devait être tué devant Dunkerque à la tête des Forces Françaises de l'Intérieur. L'exemplaire est broché sous couverture imprimée. Signature de Jean Bousquet sur le faux-titre. Beaux exemplaires. (La Bruyère, Saint-Exupéry une vie à contre-courant, 1994, pp. 392-397.- Pélissier, Les Cinq Visages de Saint-Exupéry, 1951, pp. 112-113.)
Mes ordres d'achat
Informations sur la vente
Conditions de vente
Retourner au catalogue