GIDE, André.

Lot 1456
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GIDE, André.
Carnets d'Égypte. [Égypte], 1939. Manuscrit autographe, 3 carnets in-12 [162 x 100], sous chemise à dos lisse de chagrin bleu foncé et étui de Montecot. Précieux manuscrit autographe. Ce voyage en Égypte fut entrepris à une période charnière dans la vie de Gide, quelques mois seulement après la mort de sa femme en mai 1938, et après que l'auteur eut terminé son Journal qui sera édité en mai 1939. Il était donc arrivé à un point de rupture et c'est dans le Journal qu'on en trouve le témoignage, dans ces lignes consignées le 26 janvier 1939, soit le jour de son départ pour l'Égypte : “Depuis longtemps, je n'ai plus voyagé seul... Rien ne me rappelle à Paris avant mai. Me voici libre, comme je ne l'ai jamais été ; libre effroyablement, vais-je savoir encore ‘tenter de vivre' ?” Il partit donc de Marseille le 26 janvier 1939 et arriva le 30 au Caire puis le 3 à Louxor où il séjourna jusqu'au 16 mars. Il passa ensuite quelques jours à Alexandrie avant de prendre le bateau pour la Grèce où il rejoignit Robert Levesque qui occupait depuis 1938 un poste d'enseignant au collège de l'île de Spetsai. Le manuscrit comprend 3 carnets lignés, que l'auteur a respectivement titré sur le premier plat : Égypte 1939 A - Égypte 1939 B et Égypte 1939 C. Le premier comprend les notes depuis le 31 janvier jusqu'au 17 février ; le second du 19 février au 19 mars ; le troisième du 20 au 25 mars. Gide a écrit sur les pages de droite, laissant celles de gauche pour des corrections ou des ajouts. Le carnet A comprend plus de 50 pages d'écriture, le B en compte 45 et le C un peu plus de 20. On trouve dans les trois carnets plusieurs corrections, des ajouts mais également des repentir. Sur les gardes et sur quelques feuillets figurent également des notes succinctes étrangères au journal, où l'auteur donne des références de livres (“Adolphe Ermann L'Égypte des Pharaon Payot”, “Will Durant (trad. Ch. Mourey) Histoire de la civilisation (Payot)”, etc.), des horaires notamment pour son retour à Paris depuis Athène, etc. Sur la première garde du carnet A, Gide a inscrit les noms de Robert Lévesque et de la ville grecque de Spetsai où celui-ci travaillait ; dessous il a indiqué : “Athènes 7h Delphes 13h.” Gide offrit ces carnets en 1947 à Pierre Herbart, avec cet envoi autographe signé : Cher Pierre H. // c'est à vous que je // lègue ces 3 carnets // d'Égypte // ce 22 Mai 1947 // en amicale confiance // André Gide Pierre Herbart (1903-1974) rencontra Gide en 1929 par l'intermédiaire de Jean Cocteau. Ils se prirent d'amitié très vite, une amitié qui dura jusqu'à la mort de Gide. Ce dernier s'occupa de la publication du premier roman d'Herbart, le Rôdeur, paru chez Gallimard en 1931. Cette année fut également celle où Herbart épousa Élisabeth Van Rysselberghe avec laquelle André Gide avait eu sa fille Catherine. Herbart accompagna Gide en URSS en 1936, puis en Afrique en 1938. En 1952, soit un an après la mort de son ami, Herbart publiera un livre sans concession intitulé À la recherche d'André Gide. À l'époque de cette dédicace, Herbart venait de rentrer d'un reportage en Algérie. Le manuscrit fut publié pour la première fois en 1951 de manière confidentielle à 21 exemplaires, restituant l'intégralité du texte de Gide, y compris des passages biffés par l'auteur. Il sera publié de nouveau, mais de façon partielle, à la suite du Journal 1939-1949 en 1954.
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