François de CHATEAUBRIAND

2 Lettres autographes, [Londres] 28-30 avril et 3 mai 1822, à la duchesse de Duras; 4 pages in-4 et 4 pages in-8. Deux lettres, dont une inédite, sur la politique française et une publication scandaleuse. Dimanche 28. Il est très troublé par le post-scriptum de la lettre de la duchesse [sur la prochaine publication des Mille et une Calomnies ou Extraits des correspondances privées insérées dans les journaux anglais et allemands pendant le ministère du duc Decazes, de J.-B. Salgues]. «Je suis convaincu qu'il n'y a pas d' éditeur, et que c'est cet abominable Dentu qui vendroit son père pour un écu qui fait cette entreprise scandaleuse. Voulez-vous que je menace d'attaquer pour mon compte devant les tribunaux? Voulez-vous que je propose d'acheter l'édition? Dites je ferai ce que vous voudrez. [...] Mais je vous en supplie ne vous alarmez pas comme vous le faites. Qui croira jamais à cet amas de calomnies dans lequel tout le monde est enseveli depuis Monsieur jusqu'à Donnadieu? Dans les Lettres où Madame même n'est pas épargnée où la plus petite des injures que l'on dise à un homme c'est qu'il est un poltron ou un conspirateur? Soyez sûre qu'il n'y aura qu'un cri contre cette horreur et que l'indignation publique en fera justice. Les éditeurs ont tant de risques à courir que je doute encore de la publication»... Il apprend que le Roi est très content de ses dépêches. «J'espère que mon courrier extraordinaire aura fait plaisir, dans ce sens qu'il a appris une chose importante au g[ouvernemen] t et, j'espère, avant tout le monde: ce n'est pas la paix. Ne craignez rien: je ne suis pas pour la guerre. Mais je crois que nous n'avons rien à craindre si elle arrive, et qu'avec de la vigueur, nous pouvons surmonter tous les dangers»... Mardi. «Il paroit que le Gt Anglois va reconnoître la république de Colombia. J'ai dîné hier chez le Cte Lieven avec Lord Liverpool Lord Westmorland, Lord Harrowby, le Duc de Wellington et différens ambassadeurs. [...] Le dîner etoit en mon honne