François de CHATEAUBRIAND

3 Lettres autographes, [Londres] 7-14 mai 1822, à la duchesse de Duras; 5 pages et demie, 3 pages, et 2 pages et demie in-8. Vives réactions aux manifestations de jalousie de la duchesse de Duras à l'égard de Madame Récamier, et belles protestations de son amitié. 7 mai. «Vous épuiseriez la patience des saints. Je vous ai écrit tous ces derniers courriers les Lettres les plus longues et les plus détaillées; j'espère que je ne vous ai pas montré d'indifférence sur la misérable affaire qui vous a trop occupée; et à tout cela vous me répondez des Lettres pleines d'injures et de folies». Il veut «une bonne lettre d'excuses», menaçant de ne plus lui écrire: «Ainsi vous perdrez le récit de mon grand dîner à l'Académie de peinture où j'étois placé entre le duc de Wellington et Lord Liverpool. Vous ne saurez pas ce qui s'est passé à mon autre dîner chez Rochshild avec toutes les juives de la terre. Je vous dirai seulement si vous y prenez encore quelque intérêt que je continue à être très bien ici, que j'ai entamé une affaire importante avec le Gt anglois et qui peut me faire grand honneur si on m'écoute à Paris. Au reste quelques espérances de paix renaissent dans ce moment. Ce que vous me dites de la France est déplorable. Mais je ne sais quelle voix me dit que nous surmonterons tous les dangers». Lord Lansdowne lui «a parlé admirablement d'Ourika. Votre querelle sur l'Abbaye [Mme Récamier habitait l'Abbaye-aux- Bois] est misérable. Au nom du ciel, cessez là. Rien n'est plus absurde et plus faux que toutes vos idées»... (CG IV 1608) 10 mai. «Que puis-je répondre à votre extravagante lettre? [...] Vous avez été, vous êtes, et serez le premier attachement de ma vie. Mon amitié a l'âge de la vôtre, et elle lui survivra. Je ne connois personne au monde dont l'esprit et le coeur soient plus en harmonie que le vôtre avec tout ce que je sens et j'éprouve. Je donnerois tout au monde pour vous. Voilà la pure, l'exacte vérité. Après cela voulez-vous que je repousse tout ce qui a de