François de CHATEAUBRIAND

Lettre autographe, Vérone 30 novembre 1822, à la duchesse de Duras; 4 pages in-8. Sur les romans de Madame de Duras, et la fin du Congrès de Vérone.... «la tête vous tourne de vos romans. Je sais ce que c'est que cette manie. Je désire que vous la gardiez plus longtemps que moi. Je suis moi, si préoccupé des affaires que je ne puis écrire par une raison différente de la vôtre, mais de la même nature. C'est aujourd'hui même que Mathieu [de Montmorency] arrive à Paris, et Dieu sait ce qui sera déterminé». Il pense être de retour à Paris vers le 20 décembre: «Il faudra que je parte à l'instant pour Londres où les affaires deviennent de la plus haute importance. De l'autre côté je ne suis pas sans inquiétude sur tout ce que j'apprends des Royalistes. Il y aura division. Chacun cherche déjà à m'attirer de son côté. Mais malgré les fautes et l'énorme entêtement de Villèle, je ne me séparerai point de lui. C'est après tout le seul homme capable du ministère et je l'aime cent fois mieux que la sottise envieuse, cafarde et tripotière de Mathieu. Je quitterai Vérone laissant la réputation d'un homme capable et à craindre. On me recherche à présent, mais ces gens sont trop foibles pour m'aimer. Il leur faut pour le courant du Mathieu et du Richelieu. Ils ont eu besoin de moi pour les colonies espagnoles. Je leur ai montré la route. Ils ont ouvert de grands yeux, ont suivi le chemin que j'avois trouvé et ont eu peur. Le Duc de Wellington est parti ce matin. L'empereur Alexandre part le 13»... (CG IV 1913)