François de CHATEAUBRIAND

2 Lettres autographes, Lyon 4 et 7 mai 1826, à la duchesse de Duras; 2 pages et demie et 3 pages et demie in-4 (un peu salies). Lettres inédites de Lyon, où il retrouve sa femme avant d'aller à Lausanne. Lyon jeudi 4 mai. Il a trouvé Mme de Chateaubriand malade d'une inflammation d'entrailles; il avait craint un mal de poitrine. «Ma présence va achever le rétablissement des forces. J'espère que dans huit jours, nous pourrons partir pour Lausanne. Trois mois de Suisse, nous guérirons et nous serons au mois de 7bre dans notre petite maison à Paris, car après tout, c'est là le fond de la pensée de Mde de Chateaubriand. [...] J'ai eu un vilain temps, mais un beau chemin. Il pleut à torrens ici. Je vous dirai que j'ai examiné toute la route, si je n'avois pas dans le cou la dureté dont vous vous plaignez. Je vous assure que c'est la même chose: la seule différence c'est que je puis lire et écrire, mais je suis persuadé que le soleil en survenant va faire cesser cette lassitude des nerfs de votre tête»... Lyon 7 mai. Elle lira dans le journal ce qui lui est arrivé [un triomphe populaire à l'occasion d'un concert donné au bénéfice du Comité philhellène]: «Je vous assure que j'ai été sensiblement touché. Il y a dans ces succès populaires que je ne connoissois pas, que je ne recherchois pas, quelque chose de très doux, surtout quand ils ne sont que le fruit d'un sentiment d'humanité. Imaginez-vous que cette ville d'affaires, si occupée, où tout le monde fait quelque chose, n'avoit eu que trois jours pour se préparer à donner ce concert, et on a trouvé parmi toutes ces femmes, tous ces jeunes gens de quoi former un concert d'amateurs, très bon partout. Le Commerce de Lyon chantant pour les Grecs, voila une de ces choses du siècle qui devroit bien avertir ceux qui prétendent gouverner contre l'opinion»... Le billet de son amie l'a affligé: «Vous guérirez de vos maux mais non pas de vos injustices. Mde de Ch. est décidée à revenir après s'être reposée un ou deux mois à Lausanne