François de CHATEAUBRIAND

Lettre autographe, Lausanne 22 mai 1826, à la duchesse de Duras; 4 pages in-8. Belle lettre inédite sur son combat pour la liberté de la presse. «Je suis bien aise que vous soyiez partie pour St Germain. J'ai toujours dans l'idée que cet air vous est bon. [...] Je travaille comme un vrai cheval. J'ai huit livraisons de prêtes [pour ses Oeuvres complètes]. S'il étoit absolument nécessaire je pourrois retourner demain à Paris. J'y suis assez disposé surtout si l'on rétablit la censure. Je ne laisserai pas périr cette liberté sans me battre. D'autant plus que je suis convaincu qu'en la supprimant on met le trône en danger. Avez-vous entendu rien de plus ignoble que ces hurlements de joie de la médiocrité révoltée et de la bêtise qui ne comprend rien, quand Villèle leur a laissé entrevoir qu'il pourroit bien faire taire les journaux? Que d'amours-propres consolés! Que de lâchetés qui pourront recevoir en paix leur pitance! Que d'ânes pourront manger les chardons qu'ils ont gagnés à porter sur leur dos les ministres et comme cela est bien d'accord avec les temps! - N'admirez vous pas que j'aie pu rendre constitutionnelle pendant quatre ans cette troupe de laquais et d'imbécilles? C'est là mon véritable chef-d'oeuvre. Ces misérables n'iront pas loin mais ils nous feront écraser avec eux. Me voilà dans une sainte colère»..