Alexandre von HUMBOLDT

Lettre autographe signée, Teplitz 14 juillet 1834, [à la duchesse de Rauzan]; 2 pages in-8 très remplies. Belle lettre. Il regrette de ne pouvoir rejoindre la famille de Rauzan, «et causer avec l'excellent Monsieur de R. sur ce qui se fait et ce que l'avenir nous réserve dans ce monde à prose industrielle envahissante: mais le nombre de personnes qui accompagnent le Roi [...] est si restreint que je ne puis m'absenter. J'ai presque l'air indispensable et cela vous fait sourire, j'en suis sûr, dans des tems où l'on apprend à se passer de tant de choses. Je ne voudrois pas croire à la nécessité qui vous empêche de votre côté de pénétrer plus loin vers le Nord, là où Mr le Duc de Rauzan a laissé de si aimables souvenirs, où toute la famille royale désireroit tant vous posséder, où l'on s'ennuye le plus courageusement du monde, s'agitant sans cesse pour atteindre le plaisir, où la politique est silencieuse, la barricade impossible par manque de pierres et où cette vieille institution, qui se renouvelle sans cesse et que l'on voudroit supprimer, la jeunesse, est du quiétisme le plus édifiant. Il y avoit un tems où nous rêvions l'espoir que Mr le Duc de R. pourroit préférer la manne de Teltow (die kleine Rüben) que Göthe a chantée il est vrai au declin de sa verve poetique, aux oranges et agrumes du Portugal, que le Roi (à présent je parle du vôtre) vous bannissoit à Berlin»... Mais ces rêves sont ajournés, et pour les voir il n'a que le voyage de la rue d'Anjou «où (je le dis tout bas) le grand citoyen et le cadeau des petits canons et la comtesse diplomatique (celle qui résout le "problème des trois corps") vous ont attirés. Je ne crois plus au voyage de l'Impératrice de Russie à Berlin en septembre, mais les revues de Königsberg nécessiteront un nouveau déplacement et mon espoir de vous voir à Paris, avant le commencement de l'hiver, sera manqué, ce qui n'affligera pas celui dont on a dit que je prolongeois et continuois les "souffrances"»... Quant à sa propre santé, «