Alexandre von HUMBOLDT

Lettre autographe signée, Teplitz 26 juillet 1838, à la duchesse de Rauzan; 2 pages et demie in-8. Charmante lettre du vieux savant.... «Tandis que je deviens fossile et de jour en jour plus imbécile de vieillesse, vous vous plaisez à me rajeunir par des marques de bienveillance et d'intérêt, reflets d'un tems qui n'est plus. C'est une malice de la nature que de placer les privations si près des jouissances du coeur et de l'intelligence. Tous les ans, assez régulièrement, nous nous donnons rendez-vous en Bohême, mais à une distance de 60 lieues. Il est cruel de vous savoir là près, vous et l'excellent Duc de Rauzan et l'Infante qu'on dit être charmante, et d'être devenu trop important pour pouvoir quitter mon Roi. Ce Roi a été charmé des expressions affectueuses que renfermoit votre lettre: il me charge de mille choses pour vous: il a appris avec le plus vif plaisir par le Pr. Guillaume et M. de La Feronnais que vous êtes belle et fraîche comme nous vous avons vue avant la tourmente politique, que vous dansez dans le même cotillon que l'Infante et que les thermes bienfaisantes de Carlsbad vous font oublier l'art magique du Koreff victimé pour vouloir faire arrêter ceux à qui il a donné la santé. La victime que Madame de Dol. même n'a pu sauver, vous aura dit cependant que ces thermes auxquelles vous tenez avec un si funeste préjugé, n'agissant radicalement qu'autant que l'on fait suivre le Teplitz au Carlsbad, c'est le dogme qui se prêche et encore de la manière la plus désintéressée, puisque, antédiluvien que je suis, je ne verrai pas l'année prochaine. La vie est un grand ennui, il vaut mieux que cela finisse»... Cependant il compte la revoir souvent à l'automne, à Paris où il n'a pas été depuis deux ans et demi, «par excès de vertus. Je crois que j'obtiendrai de mon Roi la permission de m'y rendre. Nous partons aujourd'hui laissant ici l'Empereur, S.M. la Princesse d'Orange, le Pr. Guillaume qui vous reste tout dévoué, la Princesse Guillaume très attachée à ce qu