Germaine Necker, baronne de STAËL

Lettre autographe, C[oppet] 30 mai [1815], à la duchesse de Duras; 4 pages in-8. Belle lettre des Cent-Jours sur les pressions de la famille Bonaparte pour qu'elle rentre en France. Elle a de la peine de ne pas avoir des nouvelles de la duchesse, «car je vous aime plus que jamais et j'aurois besoin qu'il y eut en vous quelque chose de cela pour moi. Je vous dirai ce qui me concerne afin que, si l'on en parle, vous puissiez dire la vérité. Napoléon s'est donné pour être très reconnoissant de ce que je n'avois point écrit contre lui pendant son séjour à l'isle d'Elbe et il m'a fait demander d'aller à Paris. J'ai répondu que le mariage de ma fille étant suspendu faute de liquidation je devois la garder chez moi à la campagne. Alors Lucien [Bonaparte] que j'avois vu à son passage ici m'a fait dire que si Mr de Broglie vouloit être pair ma liquidation seroit maintenue. J'ai répondu que je n'avois aucun crédit sur Mr de Broglie à cet égard, et lui ne le veut pas. Alors Lucien et Joseph m'ont encore fait dire que si je voulois venir à Paris solliciter moi-même l'emp[ereur] je serois payée, que Mesd. de Beauveau, de Montmorency &c. avoient obtenu le maintien de la restitution des bois en parlant elles-mêmes à l'emp. J'ai répondu que je m'adresserois à la chambre des députés lorsque la paix seroit faite mais qu'à présent je devois rester à la campagne. Mon fils partira cet automne pour l'Amérique et moi je tâcherai d'aller en Grèce si nous n'échappons pas à notre malheur actuel. Il est vraiment au delà des forces et moi qui le supporte dans la solitude il est plus fort que moi. J'ai pourtant de l'espoir - non pas comme on l'entend outre Rhin, de l'arrivée des étrangers à Paris que je ne sais pas désirer, mais d'un mouvement en France. Ces dix mois de paix et d'espérance sont dans le coeur de tout ce qui en a un et je crois à des divisions de parti dès qu'on l'osera. Enfin dear dutchess prions les uns pour les autres et je mets une grande part pour vous». Elle donne quelques