Joseph de VILLÈLE

Lettre autographe signée, Morviller par Caraman (Haute-Garonne) 16 mai 1841, à Léonce de La Comté, à Gramat (Lot); 3 pages in-8, adresse (fentes aux plis). Longue lettre politique sur l'attitude des légitimistes. Il faut être fou pour croire qu'avec leurs principes et leur situation sociale, ils puissent jamais s'unir «avec les révolutionnaires et qui ose nous en accuser, ceux-là même qui se sont toujours unis avec la gauche pour perdre la Restauration, ceux qui ont servi de caution aux conspirateurs pour garantir leur fidélité et leur amour pour le roi, [...] ceux enfin qui en 1830 et depuis ont fait et soutenu de tous leurs efforts, l'expulsion de nos rois, l'usurpation et tout ce que nous avons d'oppressions, de déshonneur et de ruine, en vérité on croit rêver et se trouver dans un hôpital de fous quand on entend de semblables reproches de si imprudentes assertions. Sans doute que les passions égarent quelquefois les hommes les mieux intentionnés et qu'il est déplorable de voir dans certains collèges des royalistes désespérés de se voir réduits à l'impuissance par la déception du système électoral, voter pour un forcené révolutionnaire plutôt que pour un conservateur du régime qui les opprime en ce moment, sans s'inquietter de l'apui qu'ils donnent à un régime plus redoutable, s'il n'est plus honteux; c'est l'effet des passions et des erreurs qu'entraînent après elle les révolutions»... En ce qui concerne le projet dont lui fait part La Comté, «il devroit consister à prémunir les gens de bien contre l'une et l'autre de ces alliances, qui ne peuvent que les placer à la suite d'une de ces misérables factions qui font la honte et le malheur du pays. Il faut rester nous même et deffendre en toute occasion les intérêts généraux du pays constament et indignement sacrifiés par les forcenés révolutionnaires et les plats et cupides conservateurs de tout ce qui s'établit momentanément chez nous par suite du malheur des tems, afin d'en faire leur profit et le sacrifier ensu