[LAMENNAIS (Félicité-Robert de)]

Paroles d'un croyant. 1833. Paris, Eugène Renduel, 1834. In-8 de (2) ff., 237 pp., sans le catalogue du libraire: demi-veau bleu, dos lisse orné d'un décor rocaille doré, tranches marbrées (reliure de l' époque). Édition originale de l'ouvrage qui marqua la rupture de Lamennais avec Rome. L'ouvrage est dédié Au peuple: "Vous, qui portez le poids du jour, je voudrais qu'il pût être à votre pauvre âme fatiguée ce qu'est, sur le midi, au coin d'un champ, l'ombre d'un arbre, si chétif qu'il soit, à celui qui a travaillé tout le matin sous les ardents rayons du soleil." "Conçues dans ce style apocalyptique, qui, comme le dit Renan, « était devenu si familier [à Lamennais] qu'il s'y mouvait comme dans la forme naturelle de son esprit », les Paroles prophétisent à la fois la mort du catholicisme présent et l'avènement d'un christianisme régénéré dans un nouvel ordre où régneront le bonheur et la justice parfaite" (Bibliothèque nationale, Lamennais, 1954, n° 126). L'essai connut un succès considérable, dont témoignent les huit éditions pour la seule année 1834; des centaines de milliers d'exemplaires se répandirent dans le monde. Sainte-Beuve fut chargé de l'impression: deux imprimeurs se partagèrent la composition, le premier ayant été choqué par la violence de certaines parties du texte. Les pages 186-187 présentent des pointillés remplaçant une vision qui passait, selon Sainte-Beuve "toute mesure en ce qui était du pape en particulier et du catholicisme". "Un fidèle professant l'hérésie" (Chateaubriand). Dans une page célèbre des Mémoires d'outre-tombe, Chateaubriand relate sa visite à la prison de Sainte-Pélagie où Lamennais était détenu (en 1840): "La révolution de juillet a relégué aux ténèbres d'une geôle les restes des hommes supérieurs dont elle ne peut ni juger le mérite, ni soutenir l'éclat. Dans la dernière chambre en montant, sous un toit abaissé que l'on peut toucher de la main, nous imbéciles, croyants de liberté, Félicité de Lamennais et François de Chateaub