CUSTINE (Astolphe, marquis de)

La Russie en 1839. Paris, Librairie d'Amyot, 1843. 4 volumes in-8: demi-chevrette aubergine à coins, dos lisses ornés, tranches jaspées (reliure de l'époque). Édition originale. Exemplaire complet de l'arbre généalogique des princes et princesses de Brunswick replié hors texte. Chef-d'oeuvre du marquis de Custine parti chercher dans la Russie de Nicolas Ier des arguments en faveur de l'absolutisme; il en rapporta un livre prémonitoire, souvent comparé à De la démocratie en Amérique de son contemporain Tocqueville. "Nos petits-enfants ne verront peut-être pas l'explosion que nous pouvons cependant présager dès aujourd'hui comme inévitable." Modèle de reportage, l'ouvrage est émaillé de formules cinglantes: "Le gouvernement russe, écrit-il, est une monarchie absolue tempérée par l'assassinat." Non content de dénoncer le péril russe et l'explosion du pays, le "devin marquis", selon le mot de Jean d'Ormesson, prévoyait aussi la capitulation des pays occidentaux. (En français dans le texte, nº 262). Précieux exemplaire en reliure du temps ayant appartenu au négociateur anglais du traité de Paris de 1856 qui mit un terme à la guerre de Crimée, avec son ex-libris. Diplomate fameux, George Hamilton Seymour (1797-1880) occupa de nombreux postes en Europe avant d'être envoyé à Saint-Pétersbourg en 1851. Le tsar Nicolas Ier s'enquit en 1853 de la position de la Grande-Bretagne en cas d'effondrement de l'Empire ottoman. Le diplomate fut chargé de ces rencontres devenues fameuses sous le nom de "Seymour Conversations" lorsqu'elles parurent dans la presse russe et anglaise: les Britanniques furent convaincus que les "fuites" dans la Gazette de Saint-Pétersbourg et dans le Times avaient été organisées par le tsar lui-même qui complotait pour mettre à bas l'Empire ottoman et étendre son influence sur une partie de la région. Seymour fut à nouveau appelé en février 1854 juste avant l'entrée de la Grande-Bretagne dans la guerre de Crimée; envoyé extraordinaire à Vienne en novembre 18