VALLÈS (Jules) et LUCE (Maximilien)

Mazas. Texte de Jules Vallès, publié avec l'autorisation de Séverine. Lithographies par Maximilien Luce. Paris, L'Estampe originale, sans date [1894]. In-4: cousu à la chinoise. Édition originale. Tirage limité à 250 exemplaires; un des 240 sur papier à dessin, numéroté et signé par l'illustrateur (nº 64). Bel album imprimé sur des feuillets repliés dont les versos sont blancs, puis cousu à la manière des albums chinois. Lithographies tirées par Taillardat à Paris; typographie de Léon Frémont à Arcis-sur-Eure. Premier tirage des 10 lithographies originales de Maximilien Luce, dont 9 à pleine page. Portraits d'amis emprisonnés, dont trois de "l'éminence grise du symbolisme", le journaliste anarchiste et critique d'art Félix Fénéon. Maximilien Luce (1858-1941) fut lui-même incarcéré à Mazas (comme Vallès): l'ancien ouvrier graveur n'a cessé dans son oeuvre d'affirmer vigoureusement ses conceptions socialisantes, non sans sympathies pour le mouvement anarchiste. (Inventaire du fonds français, p. 537, nº 19.) La prison Mazas, du nom du boulevard sur lequel elle ouvrait (devenu boulevard Diderot), fut construite à partir de 1845 à l'inspiration du modèle américain fondé sur l'isolement carcéral et la surveillance panoptique qu'avait fait connaître Tocqueville une décennie plus tôt, de retour de sa mission aux États-Unis. Située face à la gare de Lyon, elle remplaçait la prison de La Force et fut inaugurée en 1850. L'établissement fonctionna de 1850 à 1898, puis fut démoli en prévision de l'Exposition universelle; en effet, les autorités ne souhaitaient pas que les visiteurs venus à Paris débarquent du train face à une prison. Mazas accueillit principalement les prisonniers de droit commun condamnés à de courtes peines. Parmi les personnalités ayant été incarcérées figurent les députés protestataires du coup d'État du 2 décembre 1851, mais aussi Zo d'Axa, Georges Clemenceau, Arthur Rimbaud, Maximilien Luce, Jules Vallès, Victor Hugo, Raspail, Arago, etc