BERNARD (P. J., dit GENTIL).

OEuvres, ornées de gravures d'après les desseins [sic] de Prud'hon ; la dernière estampe gravée par lui-même. Paris, de l' imprimerie de P. Didot l'aîné, 1797-An V. In-folio de (2) ff., XI pp., 300 pp., 4 planches hors texte, maroquin bleu, dos à nerfs richement orné à petit fer, double encadrement de filets dorés sur les plats avec fleurons dorés dans les angles et grand motif ornemental orné au pointillé au centre, coupes et bordures intérieures décorées, entièrement non rogné (De Samblanx & Weckesser). Célèbre édition. Elle est imprimée avec élégance par Pierre Didot. Non seulement il assura dans toute l'Europe la diffusion d'un art typographique selon les canons néo-classiques mais en associant David, Girodet, Fragonard, Prud'hon, à ses entreprises éditoriales « il fit pénétrer la peinture noble dans le livre, conférant à l'illustration une dignité nouvelle » (André Jammes, Les Didot, 1998, p. 41). Protégé de Voltaire, Gentil-Bernard (1710-1775) passait pour l' « Anacréon de la France ». On retient l'auteur de Castor et Pollux, parce que Rameau l'a mis en musique. Il eut surtout la chance invraisemblable d'être illustré par Prud'hon. Quatre belles figures hors texte exécutées à l'eau-forte et au burin d'après les dessins de Pierre-Paul Prud'hon. La dernière planche illustrant le poème Phrosine et Mélidore est d'ailleurs la seule pièce que le peintre ait jamais gravée lui-même. Phrosine vient de traverser le détroit de Messine à la nage pour rejoindre, de Charibde en Scylla, son amant déguisé en moine, l'ermite Mélidore. L'image a sans doute capté un des premiers frissons du romantisme, au moment même où régnait les superstitions du retour à l'Antique. Louis Réau observe combien l'art du livre français devait terminer le siècle en beauté « sur un rythme alangui d'adagio, dans l'oeuvre du Corrège français ». (Rahir, Bibliothèque de l'amateur, p. 316.- Ray, The Art of the French Illustrated Book, n° 75.- Diesbach-Soultrait, Bibliothèque Jean Bonna. XVIIIe siècle, 2