BEETHOVEN, Ludwig van - Lot 572

BEETHOVEN, Ludwig van Trois sonates pour le clavecin et piano forte, composées et dédiées à Monsieur Joseph Haydn Maitre de Chapelle de S.A. Monseigneur le Prince Esterhazy. Opus II. Vienne, Artaria, s.d. [1796]. In-folio oblong (235 x 340 mm) de 61 pp. entièrement gravées (planche n° 614): cousu, extrait d'un recueil. Édition originale des premières sonates pour piano de Beethoven, publiées au XVIIIe siècle et dédiées à son maître, Joseph Haydn. L'Opus II contient trois oeuvres en fa mineur, la majeur et do majeur qui constituent un jalon essentiel dans le parcours artistique du compositeur. Le jeune Beethoven était un musicien nerveux et ambitieux. Alors que Mozart et les autres compositeurs vénéraient Haydn, les relations entre Beethoven et son professeur ne furent jamais très chaleureuses. Beethoven respectait Haydn, mais il tenait surtout à lui montrer ce dont il était capable: de fait, la musique qu'il composa pour ces sonates dépasse de loin l'horizon de son maître. Beethoven surpasse Haydn dès les deux premières sonates, notamment par la gravité et l'étendue tonale du fa mineur, ainsi que par l'intelligence et l'humour en oeuvre dans le la majeur. Mais dans le do majeur (n° 3), il transcende nettement l'univers sonore de Haydn en élargissant à l'extrême le chamPde la sonate. Le mouvement lent en mi majeur, tonalité éloignée différente de celle du premier mouvement, explore une gamme nouvelle de formes et de gestes. Beethoven enrichit la technique du clavier par l'emploi de tierces plus rapides dans le corps principal du premier mouvement et par des sixtes habilement placées dans le final. Les arpèges entrainants du mouvement lent sont aussi une innovation, et le spirituel scherzo ouvre un monde inconnu jusqu'alors. Si le but de Beethoven était de prouver à Haydn l'étendue de son talent, c'était réussi. Les premières sonates de Beethoven, très appréciées de son vivant, ont fait l'objet de plusieurs éditions et réimpressions au début du XIXe siècle.