COCTEAU Jean (1889-1963)

Ecrivain français. Lettre autographe signée, 2 pages pleines in-4 ; Paris, 1er septembre 1927. Extraordinaire missive à Louis Barthou, le suppliant d'intervenir après une descente de police chez lui, car « ... je fume l'opium... » « Monsieur le Président, J'ai beaucoup regretté de ne pas vous voir ce matin à Chantilly car il se trouve que j'avais non seulement un livre à vous remettre, mais aussi un service très grave à vous demander. Depuis la ?Lettre à Maritain' on sait que je fume l'opium. C'est-à-dire que je l'ai fumé. Après une désintoxication, mon docteur... ayant reconnu que l'opium m' était indispensable, m'autorise à certaines doses, sans que ma mère le sache... Or, hier, à 5 heures, à ma grande surprise - car la police ferme les yeux sur les fumeurs solitaires... - j'ai reçu la visite que vous devinez, visite affreuse jusqu'au moment où le commissaire... se rendit compte que je n'empruntais pas le nom que je porte... et me relâcha avec mille excuses d' être obligé de confisquer mon matériel... et de laisser l' instruction se poursuivre... ». S'inquiétant des suites de cette affaire et de la publicité désastreuse qui pourrait affecter le moral et la santé de sa mère, Cocteau supplie Barthou d'intervenir : « ... Votre puissance est sans borne. Un signe de vous arrête le mécanisme de la justice... », etc ; et d'ajouter en tête : « Je vous serais infiniment obligé de ne rien dire de cette lettre à ma mère ».