BÉGUIN Albert (1901-1957)

Ecrivain, critique et éditeur suisse 18 lettres autographes signées (deux signées), 36 pages in-8 ou in-4; Paris, Bâle, Saint-Maur, années 1945-1955. Quelques unes sur papier de la revue Esprit. Pièces jointes. «... JE VOUS SUIS RECONNAISSANT... D'AVOIR DIT QUE JE N'AVAIS JAMAIS VOULU ME LAISSER ALLER À MON DÉSESPOIR, QUE JE NE L'AVAIS PAS CULTIVÉ COMME UNE FLEUR RARE... NON, JE HAIS LE DÉSESPOIR ET PEUT-ÊTRE N'AI-JE ÉCRIT QUE POUR EN SORTIR ET VOIR PLUS CLAIR EN MOI-MÊME...» (extrait de la lettre de Green à Béguin, 5 novembre 1946) Les premières lettres concernent la réédition du Pamphlet contre les Catholiques de France qu'Albert Béguin est pressé de donner à la composition et dont il attend le texte définitif, ainsi que certaines lectures qu'il a aimées et qu'il suggère à Green. Pour une série de leçons qu'il lui a consacrée dans son dernier cours universitaire et pour la rédaction d'articles, il a relu toute l'oeuvre de son confrère, dont le critique nous livre ici d'intéressantes observations dans une longue lettre de 1946. Quant au Pamphlet, selon lui davantage utile aujourd'hui qu'il y a vingt ans, Béguin désirerait en faire une réédition, malgré les réticences de Maritain qui a dissuadé Green de se lancer dans l'aventure; il lui écrit à ce sujet cinq magnifiques pages: «... ce que peut-être Maritain ne voit pas clairement, c'est que l'Eglise est menacée de l'intérieur. Ses ennemis du dehors sont les mêmes qu'autrefois... devant [eux]... qu'avons-nous à faire sinon à quitter toute prudence et à dire qui nous sommes, sans ménagements ni aménagements?... on en viendrait à envelopper d'oubli non seulement Bloy ou Péguy, mais toute parole chrétienne vivante... L'Eglise est en danger... ce péril... est celui de la prudence dont Bernanos fait si justement dire à l'un de ses personnages qu'elle est souvent la suprême imprudence. Je suis effrayé de voir tant de chrétiens ne plus dire ou écrire un mot sans se demander ce qu'en vont penser les communistes...», etc. A t