Le Petit Boudeur, d'après Greuze Atelier... - Lot 72 - Pierre Bergé & Associés

Le Petit Boudeur, d'après Greuze Atelier de Pierre - François et Michel - Henri COZETTE Manufacture des Gobelins Portrait tissé de forme ovale en laine et soie représentant un enfant à l'humeur maussade, la tête dans les épaules, qui exprime son mécontentement. Il est entouré d'un cadre en bois mouluré et doré, sculpté d'une frise de rais-de-cœur et d'un rang de perle. Inscriptions "Greuze pxit / Cozette exit 1775" Paris. Époque Louis XVI. Tapisserie : H_45.5 cm L_38.5 cm Cadre : H_57 cm L_49.5 cm. (Catalogue historique du cabinet de peinture et sculpture française de M. de La Live, 1764, p. 35) Les manufactures des Gobelins est au XVIIIe siècle la première d'Europe. Sa production est considérable avec mille sept cents tapisseries, tissées en un siècle. Ce succès est dû au regroupement des différentes manufactures de Paris, par Colbert en 1662. Ces dernières étaient dirigées par des maîtres tapissiers de talents tels que Pierre-François COZETTE, Jacques NEILSON ou Michel-Henri COZETTE qui exploitèrent les améliorations des métiers à tisser, comme celles apportées par Vaucanson aux métiers de basse lisse (horizontaux). Les tapisseries deviennent des œuvres à admirer et à offrir. Désormais, elles ornent les grandes demeures d'Europe et elles s'intègrent parfaitement au décor intérieur. Pierre-François COZETTE (1714 - 1801) est considéré comme l'un des plus grands Maître tapissier de son siècle. Il dirige l'atelier de basse lisse (1733), puis devient entrepreneur de l'atelier de haute lisse (1742). Son fils, Michel-Henri (1744 - 1822), lui succéda et ensemble ils réalisèrent des commandes prestigieuses. Le portrait que nous présentons a été tissé au format d'après le tableau original peint par Jean-Baptiste Greuze pour le collectionneur Ange-Laurent La Live de Jully (1725 - 1779). Ce tableau est décrit, ainsi, dans le catalogue qu'Ange-Laurent La Live de Jully consacra, en 1764, à sa collection : "un petit tableau de Greuze, appelé Petit Boudeur, sur toile, de seize pouces et demi de haut sur quatorze de large. Il représente un Enfant mutin qui par humeur renforce la tête dans les épaules ; il est difficile de mettre plus de vérité dans une tête, et de lui donner une expression plus juste". Ange-Laurent La Live de Jully était très lié à Greuze. Il facilita sa réception à l'Académie en 1755 et il lança sa carrière en lui commandant des peintures devenues célèbres. Par ailleurs, La live de Jully, introducteur des Ambassadeurs à Versailles, lui obtint de nombreuses commandes royales. La Live possédait une dizaine de peintures de Greuze : "le portrait de La Live de Jully jouant de la harpe" exposé au Salon de 1759, aujourd'hui conservé à la National Gallery de Washington ; "Un enfant qui s'est endormi sur son livre" (salon de 1755, Musée Fabre de Montpellier). Un autre collectionneur tout aussi prestigieux, Nicolas Beaujon (1718 - 1786) qui, devenu banquier du Roi et de la Cour acheta en 1773 l'Hôtel d'Evreux (actuel Palais de l'Elysée). Il constitua une très belle collection, dont un ensemble de portraits royaux tissés aux Gobelins par COZETTE, dès 1771, dont le portrait de Louis XV (fig. 1), d'après Louis-Michel van Loo, celui de Marie Leczinska (fig.2) d'après Jean-Marc Nattier et celui du dauphin (fig. 3), futur Louis XVI, d'après Louis-Michel van Loo. Cette série des portraits royaux tissés par COZETTE fut complétée, en 1774, par le portrait de Marie-Antoinette (fig. 4) d'après François-Hubert Drouais, dont il réalisa trois versions : la première destinée à Nicolas Beaujon, la deuxième pour le roi et, enfin, la troisième pour le duc de Penthièvre, qui l'offrit personnellement à la princesse de Lamballe. Expert : Stéphane Pépe