François de CHATEAUBRIAND

2 Lettres autographes, [Londres] 19 et 23 juillet 1822, à la duchesse de Duras; 3 pages in-8 et 3 pages et demie in-4 avec adresse. Sur la préparation du Congrès de Vérone. Vendredi 19 juillet. «J'ai passé la journée et une partie de la nuit d'hier sur la Tamise entre Londres et Richemond à une grande fête donnée par le Lord Maire et où j'étois le seul ambassadeur prié. Cela vous montre ma popularité. Mais j'en ai rapporté un accès de fièvre (pour Dieu, ne le dites pas, Mde de Chateaubriand accourroit), demain je serai guéri. [...] Allons! la paix. Ne me grondez plus; aimez-moi comme je vous aime. Faites votre nouveau roman et ne craignez plus les correspondances privées. Je ne sais ce que vous voulez me dire en me parlant de votre jalousie de mes nouvelles amours. Je vis comme un chartreux. J'ai fait ce que j'ai pu pour le Congrès. J'attends. Je sais qu'on est particulièrement content de mes dépêches. Mais j'en ai vu une de Madrid. Si vous saviez quelle misère! Au reste vous savez bien ce que c'est que la chair de poule au coeur»... (CG IV 1734) 23 juillet. «Non; ne craignez plus que je me plaigne. Je suis décidé à vous prendre comme vous êtes, et à vous écrire comme si depuis deux mois vous ne m'aviez pas fait bien du mal par vos injustices». Il a reçu une «lettre très cordiale» de Mathieu de Montmorency. «Il me dit en parlant de la démission de M. de Blacas: Vous voilà délivré d'un puissant concurrent pour le Congrès. Ces paroles, dans la bouche d'un ministre, devroient équivaloir à une nomination. Mais reste la concurrence la plus dangereuse de toutes, celle du ministre lui-même. Si Lord Londonderry va au Congrès, Mathieu sera bien tenté d'y aller; alors je suis perdu». Il a donc arrangé avec Villèle ou de l'adjoindre à Mathieu de Montmorency, ou de lui «faire donner le porte-feuille des affaires étrangères par intérim, pendant l'absence de Mathieu. Gardez cela pour vous et dans le plus profond secret. [...] Villèle peut tout; et s'il ne nous trompe pas, il dési