François de CHATEAUBRIAND

3 Lettres autographes, [Londres] 9, 12 et 13 août 1822, à la duchesse de Duras; 3 pages et quart in-4, 1 page in-8 avec adresse, et 4 pages in-8. Sur la désignation de Mathieu de Montmorency comme plénipotentiaire au Congrès de Vérone, et le suicide de Castlereagh (Lord Londonderry), secrétaire d'État aux Affaires étrangères. Vendredi 9 août 1822. «Vous avez dû voir par mes Lettres que je m'attendois à l'événement et que je ne me fesois aucune illusion. Je vous aurois dit mot pour mot la conversation de Villèle, avant que vous me l'eûssiez mandée. Je ne suis ni surpris, ni fâché. Je ne crois pas à l'adjonction de ma personne à Mathieu. Enfin comme au moment où je vous écris la chose est certainement décidée, elle est déjà loin de ma pensée et je ne m'occupe qu'à arranger mon avenir. Je ne sais pas ce que je ferai. Donnerai-je ma démission, demanderai-je un congé, resterai-je en Angleterre pendant les sept mois de vacances absolues qui vont commencer? Il y a à tout cela des inconvéniens. J'attendrai l'inspiration, et au moment où elle arrivera, je prendrai mon parti. Je n'ai jamais soupçonné votre amitié. J'en connais toute la chaleur et toute la constance. Si je vous ai fait un léger reproche, pardonnezle moi. Je suis un peu triste ici et quand on écrit, les dispositions intérieures se font jour et paroissent malgré soi. J'ai bien servi le Roi et le ministère actuel. S'ils ne profitent pas de ce que je leur ai dit sur l'Angleterre, je n'aurai rien me reprocher. Vous avez deviné juste pour le traité [d'alliance entre la Grande-Bretagne et le Danemark], et j'en ai donné l'avis officiel il y a un mois. C'est une découverte immense que j'ai faite, et que j'ai faite, seul. Silence absolu sur tout cela. Londres est un profond désert. Le Roi part demain; Lord Londonderry part la semaine prochaine pour Vienne et Paris. Tous les autres ministres partent ou sont partis; tous les ambassadeurs sont en congé ou en voyage. Toute la société est à la campagne et cette solitude dure