ALQUIÉ (Ferdinand)

Libération et Liberté. Sans lieu ni date [vers 1944]. Manuscrit autographe, 6 ff. in-8. Manuscrit autographe de cette réflexion philosophique au lendemain de la Libération. Ainsi toujours, la libération est refus de coïncider, et l'esprit, loin de poser librement la Nature, apparaît en ce pouvoir par lequel la Nature se dépasse et se nie. (...) Or ce refus de coïncider, cette puissance du non furent la source et le ressort de la libération française. Quelle tentation s'offrait à tous en dix-neuf-cent quarante, de coïncider avec la Nature, avec ce qui était. Ce qui était, c' était la force victorieuse, palpable et visible, avec ses machines et ses armes. La France n' était qu'absence, souvenir de ses soldats partis, de ses espoirs brisés. Le réalisme conseillait de se soumettre, de se rallier à cet être évident qu' était l'Allemagne. Mais les hommes soucieux d' être des hommes ont dit non. Ils ont refusé d'admettre ce monde nouveau, ces nouveaux temps où ils se trouvaient jetés. Ils ont dit non à l'Etre, non à la force, non à la Nature. Et ce non a fini par faire écrouler la force? Et si le spectacle admirable de la libération de Paris où, de toutes les portes, nous avons vu sortir, avec leurs pauvres armes, les hommes du refus, nous a tellement émus et transportés, ce n'est pas seulement parce qu' il signifiait le départ des tyrans: c'est qu' il offrait l'image essentielle de la condition humaine, qui est de se libérer dans la lutte, l'effort et la douleur. Le philosophe Ferdinand Alquié (1906-1985), proche du surréalisme et grand commentateur de Descartes, eut notamment pour élève Gilles Deleuze. Quelques annotations de typographe. Le manuscrit était sans doute destiné à être publié