CÉLINE (Louis-Ferdinand)

À l'agité du bocal. Paris, P. Lanauve de Tartas, sans date [1948]. Grand in-12: maroquin rouge janséniste, non rogné, couvertures conservées, tranches dorées sur témoins, étui (Loutrel). Édition originale. Un des trois premiers exemplaires sur papier d'Auvergne (nº 3). L'un des plus impitoyables - et des plus drôles - éreintements de Jean-Paul Sartre. En décembre 1945, le philosophe publia dans les Temps modernes une charge contre Céline intitulée: Portrait d'un antisémite. Il y déclarait notamment: "Si Céline a pu soutenir les thèses socialistes des Nazis, c'est qu'il était payé." Fureur de l'écrivain en exil au Danemark (à qui Albert Paraz avait fait parvenir l'article) qui prit la plume pour fustiger celui qu'il s'entêta à nommer Jean-Baptiste Sartre: "Voici donc ce qu'écrivait ce petit bousier pendant que j'étais en prison en plein péril qu'on me pende. Satanée petite saloperie gavée de merde, tu me sors de l'entre-fesse pour me salir au dehors!" Sans doute effaré par le ton et n'osant pas s'attaquer si frontalement à Sartre, Jean Paulhan refusa de publier le texte. Le fidèle Paraz l'inclut donc dans la première édition de son Gala des vaches, paru en novembre 1948. Simultanément, un jeune typographe du nom de Lanauve de Tartas le publia en volume à petit nombre. À la suite d'une erreur d'interprétation d'Albert Paraz, la couverture du volume porte: "Lettre à J. B. Sartre. » L'éditeur a imprimé sur une bande de papier brun le titre exact, "À l'agité du bocal", qu'il a ensuite montée sur la couverture, masquant la mention fautive. Exemplaire parfait