CAMUS (Albert)

L'Homme révolté. Paris, Gallimard, 1951. In-12, broché: étui en demi-maroquin rouge. Édition originale; exemplaire du service de presse. Paru à la fin de l'année 1951 (achevé d'imprimer le 18 octobre), l'ouvrage eut un succès de scandale, les communistes et leurs affidés le dénonçant violemment pour avoir confondu dans une même critique stalinisme et nazisme. "Parmi mes livres, c'est celui auquel je tiens le plus." Dans une lettre, Camus ajoute: "On a tort de passer sous silence l'Homme révolté, qui, sans que je le trouve admirable, il s'en faut, est à mes yeux mon livre le plus important." L'essai est dirigé contre la "prophétie marxiste" qui, faisant passer la terreur avant l'humanisme, remplace Dieu par l'État. Quand la révolte est "métaphysique", elle échoue car elle finit par exprimer le contraire de ce à quoi elle aspirait. Ainsi, Sade, Rimbaud et Lautréamont, Nietzsche, voire les surréalistes, finissent par laisser se révéler une nostalgie désespérée de l'ordre. Quand elle est "historique", son échec est d'autant plus manifeste car, dressée contre tout pouvoir, elle devient tyrannie à son tour. Camus opère une distinction radicale entre révolte et révolution du fait que cette dernière se retourne contre ses origines révoltées et détruit l'humanité. L'enquête doublée d'un diagnostic débouche sur ce que Camus appelle "la pensée de midi". Dès lors que l'homme prend conscience de la finitude humaine en demeurant solidaire d'autrui, la révolte manifeste sa grandeur devant l'absurdité du monde: "Je me révolte, donc nous sommes." Exceptionnel envoi autographe signé à Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre: Au Castor À Sartre leur ami A. Camus À une date ultérieure, une certaine Annie (?) ajouta l'envoi suivant: Et qq temps plus tard, à Sveto Radeff, sa meilleure Annie. La réunion des trois figures majeures de l'histoire intellectuelle du XXe siècle est, en soi, exceptionnelle; qu'elle ait lieu autour de L'Homme révolté est plus remarquable encore. L'essai devait en