Jean TINGUELY

Elles sont aussi mystérieuses que monumentales, et il fallait être très initié pour aller les admirer au cours de quelques rares expositions de par le monde : aujourd'hui « Les Sorcières » de Jean Tinguely, « Schneewittchen und der sieben zwerge der hexensabbat », qui orchestrent une énigmatique danse des morts, sont le sujet d'une vente exceptionnelle à Bruxelles. De ses recherches des dernières années, de ses mystifications, l'usage inusité qu'il fait à partir de crânes d'animaux surmontant ses machiavéliques personnages, aboutit à la réalisation des Sorcières. Sa prédilection pour les « crânes » de toutes sortes s'affirme : massacres, crânes et mandibules de chevaux, de cervidés, de chiens, jusqu'aux mâchoires de sanglier de cette oeuvre. En 1985, 7 ans avant sa dramatique disparition, Tinguely allait s'attaquer à son oeuvre majeure, destinée à être exposée à Munich. Huit pièces dont chacune est une sculpture mais pour une même histoire : huit automates, dont les machinations allaient « trouver leur musique ». Il faudra une année à Tinguely pour en venir à bout, tandis qu'il déverse ses trouvailles dans l'atelier, le problème étant à chaque fois d'expliquer aux douaniers incrédules la provenance et l'utilisation de ces étranges trophées... Chapeautée par l'une des fameuses têtes, petit à petit, chaque sculpture prend forme, en structures de fer, barres de métal, éléments de guidons de vélos, roues, poignées indéfinies, chaînes diverses, manivelles, écrous, mais aussi gazes flétries et dentelles traitées, lacérées, peintes...La plus haute des Sorcières mesure 2 mètres de haut, et chacune des 8 pièces est équipée d'un moteur électrique de 220 volts, occupant un important espace. La première exposition à Munich en 1986 fût un grand succès, suivi bientôt par d'autres, à Tokyo, au Casino de Knokke le Zoute, au Louisiana Museet du Danemark, ensuite à Venise au Palazzo Grassi en 1987 : les « Sorcières » ont voyagé. Pour ce faire, on leur a construit de grands caissons