JEAN-PIERRE RAYNAUD

« L'idée d'un pot monumental s'est imposée alors immédiatement comme une évocation idéalisée et contemporaine de la nature, d'une nature telle que Jean Pierre Raynaud la conçoit. ... Bien loin de s'imposer comme une évocation anecdotique de sa formation de jardinier, cet acte est davantage la manifestation d'un souvenir inconscient de cette relation à la nature, le résultat d'une rencontre avec un objet banal qui en restait le signe. Inaugural et presque irrationnel, le geste de remplir un pot de fleurs de ciment est apparu avant tout comme un véritable face à face avec soi-même, un choix personnel plutôt qu'une décision esthétique, un recours salvateur également qui marqua le renoncement de l'artiste à une maladie l'immobilisant depuis un an. « C'est le geste dont je suis le plus sûr de ma vie. Ce geste conjugue tout, il conjugue mon destin, les passions, sans doute mon désespoir, les plaisirs de la vie. Geste de maturité et d'enfance, geste initial et d'accomplissement, qui n'évolue pas mais se perpétue, il est hors d'âge ». ... Les pots de Jean Pierre Raynaud ont exactement la forme d'un pot de fleurs. Pourtant, leur mystère reste total. Obstrué, ce réceptacle est désormais irrémédiablement orphelin de sa destination initiale. ... « Avec ce pot doré, j'ai souhaité apporter une fascination au sens onirique du terme, une émanation lumineuse, qui se profile, silencieuse et distancée de la société. Dans cette nature avec le végétal, il me semblait pouvoir apporter un soleil supplémentaire, un soleil de rechange. Couleur mentale, l'or a quelque chose qui enchante le regard. Il recouvre aussi cette qualité atemporelle de la nature qui l'accueille. Magique, l'or appartient à la mémoire. Céleste, il est doué d'une légèreté qu'aucune couleur ne peut apporter. J'ai ressenti une émotion comparable, faite d'excitation et d'étrangeté, avec la fluorescence. Ce sont des couleurs très indépendantes, d'une beauté déstabilisante ». Ce choix de l'or était aussi celui du silence et