François de CHATEAUBRIAND

2 Lettres autographes, [Londres] 18 et 21 juin 1822, à la duchesse de Duras; 2 pages et demie in-8 et 7 pages in-4. Longue lettre politique sur sa nomination pour représenter la France au Congrès de Vérone. 18 juin. «Les affaires et les dépêches m'accablent aujourd'hui. [...] Vous useriez la patience d'un saint, et vous vous feriez haïr, si cela étoit possible. Léontine [de Noailles, fille de Natalie] est arrivée; elle dîne chez moi aujourd'hui. Je chercherai à lui plaire, mais je n'y réussirai pas. [...] vous ne manquerez pas de me faire une querelle de mon billet et ce qui vous devroit toucher vous mettra en colère. Vous ne me saurez aucun gré d'interrompre et de suspendre les plus importantes dépêches pour vous dire que je vous aimerai toute ma vie, malgré tout ce que vous faites pour faire rentrer mon amitié au fond de mon coeur». (CG IV 1684) 21 juin. «Villèle a tort; il étoit indispensable que j'écrivisse à Mathieu [de Montmorency]. Il falloit fondre la cloche, comme on dit noblement, et je ne pouvois pas laisser arriver au Conseil la proposition de m'envoyer à Véronne par un autre que par Mathieu, mon ministre, sans le blesser mortellement. Aussi ai-je bien fait, car il a positivement dit que si je ne m' étois pas adressé à lui, il auroit plutôt quitté le ministère que de me laisser nommer au Congrès par le Conseil. [...] Vous pouvez dire cela confidentiellement à Villèle, [...] mais je vous supplie de ne parler de cette affaire à pas un autre, ni à Polignac, ni dans votre salon, ni enfin à personne au monde. Villèle m'a écrit; il est très bien. Mathieu m'a aussi écrit une très longue lettre explicative, disant plutôt non que oui, mais ne disant pas tout à fait non et disant qu'il s'en rapportera au Conseil; si cela est, j'ai gain de cause. Il a bien une autre idée: il est tenté d'aller lui-même au Congrès. À cela je n'ai rien à opposer. Il devroit au moins me laisser le portefeuille par interim; il faudroit pour cela que je fusse à Paris, et je répugne à dem